Interview Fabrice COLLADOS
Depuis combien de temps êtes-vous dans le monde de l’arbitrage ?
J’ai commencé l’arbitrage à 19 ans pour aider mon club à l’époque (1986), E Saint-Chamond Volley car nous avions beaucoup d’équipes et donc besoin de beaucoup d’arbitres. J’avais le permis, une voiture et l’envie de voir ce côté du sport. Ensuite je me suis pris au jeu et je n’ai jamais trop été chahuté donc c’est devenu une passion et les responsables de l’arbitrage dans ma ligue (du Lyonnais à l’époque) m’ont toujours soutenu, poussé. Ils m’ont dit : tu veux aller vers le haut niveau alors, joueur de niveau régional, j’ai compris que l’arbitrage était le meilleur moyen et j’ai persévéré, fais des stages, toujours à l’écoute des conseils.
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir arbitre international ?
C’est l’envie d’aller le plus haut possible, d’arbitrer des matchs de Coupe d’Europe en Italie par exemple, il y avait 4 arbitres internationaux dans ma région, dont Michel Carras, Bernard Allard et ils me racontaient leurs voyages, leurs expériences et j’ai eu envie d’aller à ce niveau. Donc j’ai gravi les échelons j’ai eu beaucoup de chance de progresser assez vite ce qui est plus difficile maintenant, dommage…
Donc je suis arrivé en Pro A en 1997 et j’ai passé mon stage d’arbitre international en 2001 et depuis je suis arbitre international. Je siffle la Ligue des Champions depuis 2002, je suis arbitre FIVB premier groupe depuis 2016, j’ai beaucoup de chance de pouvoir arbitrer aux 4 coins du monde, comme actuellement au Texas pour les finales VNL Women.
Comment avez-vous vécu votre saison 2022-2023 ?
C’est surtout l’année 2022 qui a été extraordinaire pour moi, au niveau international je n’aurais jamais pensé pouvoir faire une telle année. En effet, outre de très beaux matchs en France, en Ligue A, j’ai sifflé la finale de Champions League Men 2022, la médaille de bronze des finales VNL hommes (la France à remporté l’or) à Bologne et ensuite j’étais premier arbitre sur la finale féminine des Championnats du Monde.
Jamais je n’aurais pensé pouvoir arbitrer une finale de Championnats du Monde, un grand rêve qui se réalise. Bien évidemment en 2021 j’ai vécu un autre rêve avec les JO donc c’est beaucoup de travail, de matchs de haut niveau mais aussi beaucoup de chance que mes responsables CEV ou FIVB pensent à moi et me fassent confiance.
Quelles étaient vos premières impressions lors des Jeux Olympiques ?
Les JO c’est une compétition à part, par rapport aux Championnats du Monde ou VNL. Dès le premier match, le premier jour, c’est la guerre car il y a 12 équipes seulement et tous les points comptent pour aller en quart de finale, il n’y a pas de petites équipes. C’est cela la grosse impression, ok à Tokyo il n’y avait pas de public mais la pression est palpable sur le terrain avec que des top players. Mais tout s’est super bien passé pour moi comme pour l’équipe de France. J’ai vu tous leurs matchs, j’ai sifflé 9 matchs dont quart de finale Brésil vs Russie Women et j’ai sifflé la médaille de bronze Argentine vs Brésil Men avant le succès des Bleus en finale ( comme l’an dernier en VNL d’ailleurs…). Un très grand souvenir et une grande fierté en ce samedi 7 août 2021.
Comment s’est déroulé la finale de Champions League ?
La finale de Champions League c’est très bien passé à Ljubljana en mai 2022 avec 2 équipes que je connais bien, il y avait beaucoup de pression mais c’était ma quatrième finale de Champions League après 2015, 2016 et 2018 donc je connais la gestion de ces événements. C’est beaucoup beaucoup de concentration et on doit juger le match pour que les équipes évoluent à leur meilleur niveau, pour le public et tout a roulé dans une bonne ambiance, ce sera mon anecdote plus tard…
Quels sont vos objectifs pour la saison 2023-2024 ?
2023/2024 c’est en ce moment et je suis en pleine VNL, j’étais en Turquie, à Hong Kong, en Thaïlande et maintenant aux USA pour les finales. Tout le monde, équipes, staffs, joueurs, joueuses, arbitres… à Paris 2024 dans un coin de la tête avec, les qualifications, les sélections et c’est bien normal. Tout le monde en parle, tout le monde m’en parle comme je suis français évidemment.
L’objectif principal pour moi est de réussir tous mes arbitrages, de continuer à juger de la meilleure façon les matchs et après on verra. Fin septembre je serai au Japon pour un TQO masculin et cela va être chaud avec Japon, USA, Slovènie, Serbie, Turquie, etc… Ce sera un avant goût de pression olympique donc tout le monde, joueurs, arbitres devront être au top niveau. J’ai hâte de participer, en espérant bien sûr être à nouveau sélectionné pour les JO à Paris, dans mon pays ce serait extraordinaire.
Avez-vous des conseils pour les personnes qui aimeraient évoluer dans l’arbitrage ?
Il faut se lancer, si on aime le volley il ne faut pas hésiter à arbitrer à prendre un sifflet et on peut éprouver beaucoup de plaisir. Si on veut évoluer ensuite la CRA est là pour conseiller, aider, faire progresser les arbitres. Le meilleur conseil ensuite c’est de toujours siffler ce qu’on voit, ne pas inventer des fautes et être concentré à 100% pendant le temps du match et faire preuve de bon sens et de clairvoyance à chaque instant. L’arbitrage ensuite est un travail d’équipe et il faut être soudé et se soutenir sans oublier que l’erreur est humaine et que nous ne sommes pas des robots, c’est ce que je dis souvent quand je parle de ma passion.
Ensuite et c’est très important pour moi il faut rester humble, simple, respectueux, toujours poli car une erreur malheureuse, une parole mal comprise peut tout écrouler et à haut niveau nous avons tout cela en tête.
Une anecdote à nous raconter ?
L’an dernier lors de la finale de Ligue des Champions j’arrive pour le tirage au sort et les deux capitaines se parlent et sourient en me voyant. Je leur demande si tout va bien, si ils ont des choses à me dire, ils me disent oui oui on te dira après le match, peut être, ok..
On finit le match et on finit le protocole et j’approche le capitaine vainqueur pour le féliciter et lui dis « Pourquoi vous avez souri avant le match? » et il me dit : « Quand on a vu les arbitres on s’est dit OK on n’aura pas à s’occuper d’arbitrage, aucun souci ». Je lui ai dit merci c’est le plus beau des compliments pour les arbitres, la plus belle médaille : le respect. Cela montre la confiance gagnée année après année, match après match.