Interview Damien Roget

Depuis combien de temps faites-vous du volley assis ?

Je pratique le volley assis depuis 2019. C’est un sport que j’ai découvert lors d’une journée de la relève organisée par le Comité Paralympique. J’ai eu un déclic ce jour-là et, rapidement, j’ai été invité à un stage avec l’équipe de France. Depuis, je n’ai cessé de m’entraîner et de progresser.

 

Quel sport faisiez-vous avant ?

Avant de me lancer dans le volley assis, je faisais du basket. Malheureusement, je suis tombé malade en 2002-2003 et j’ai dû arrêter le sport pendant six ans. Cette période m’a éloigné du monde sportif, car à l’époque, je n’ai pas été bien accueilli lorsque j’ai tenté de reprendre une activité sportive. Ensuite, en 2017, j’ai ressenti le besoin de retrouver une activité physique et c’est ainsi que je me suis tourné vers le sport adapté et que j’ai découvert le volley assis.

Votre métier à côté :

Je suis orthoptiste à Grenoble, à mon compte. C’est un métier que j’exerce avec passion, mais cela demande aussi de l’organisation pour concilier mon travail avec mes entraînements de volley assis.

 

Présentation du volley assis : En quoi cela consiste-t-il ?

Le volley assis est un sport inspiré du volley traditionnel, mais adapté pour les personnes ayant un handicap physique. Nous jouons assis par terre, sans fauteuil roulant. Le terrain est plus petit, avec un filet à 1 mètre de hauteur, et chaque côté mesure 6 mètres de large et 5 mètres de profondeur. La principale différence réside dans le fait que l’on doit garder les fesses en contact avec le sol à tout moment, ce qui rend la mobilité au sol essentielle. On a le droit de bloquer le service, ce qui n’est pas autorisé dans le volley classique. Pour un joueur valide qui essaie le volley assis, le plus difficile est de s’habituer à la mobilité des hanches et de travailler l’engagement des abdominaux et des bras. C’est un sport très complet qui nécessite de l’agilité, des réflexes et une grande condition physique.

Quelles compétitions avez-vous faites ?

Internationales :

  • Euro League : J’ai participé à plusieurs éditions de cette compétition européenne. En 2022-2023, nous avons joué en Italie, un tournoi qui a permis à mon club de se confronter à des équipes de très haut niveau. En début 2024, avec mon club, le Pays Voironnais, nous avons eu la chance d’accueillir l’euro League ou nous avons finit 2eme.
  • Championnat d’Europe : En 2021, j’ai participé aux Championnats d’Europe B en Turquie, puis à ceux de 2022 à Rouen.
  • Coupe du Monde : J’ai eu la chance de participer à la Coupe du Monde qui s’est déroulée au Caire, en Égypte. C’était une expérience incroyable de jouer contre les meilleures nations du monde.

Nationales :

  • Championnat de France : Mon club a été le tout premier champion de France lors de la création de cette compétition. Nous avons terminé à la troisième place l’année suivante.
  • Bronze National League : Nous avons aussi participé à cette compétition organisée à Lyon, qui a été un excellent moyen de nous mesurer à d’autres équipes françaises.

Les jeux paralympiques : La performance de l’équipe, être à Paris, le public.

Les Jeux Paralympiques de Paris, ont été une expérience inoubliable pour notre équipe de volley assis. Nous sommes une équipe relativement jeune qui a su montrer de belles actions et prouver que la France a sa place sur la scène internationale. L’accueil du public, était juste incroyable et jouer devant 6 000 personnes, ça restera un souvenir à jamais gravé en moi.

Pour la première fois, je me suis vraiment sentit comme un athlète professionnel avec tout l’encadrement, les bénévoles, les kinés…

La préparation a été super intense. J’avais trois entraînements individuels par semaine avec mon coach, plus les entraînements collectifs. J’ai bossé avec un préparateur physique et une préparatrice mentale. Malheureusement, je me suis fracturé le pouce à sept semaines des JO mais je n’ai rien lâché. J’ai suivi un régime strict, fait de la visualisation mentale, et au final, j’ai pu jouer tous les matchs. Les Jeux resteront une aventure éprouvante, mais tellement gratifiante.

 

La démocratisation de ton sport :

Pensez-vous que votre sport va être de plus en plus pratiqué à la suite des JO de Paris ?

Oui, je pense que le volley assis a un potentiel énorme pour se développer en France. C’est déjà le sport collectif paralympique le plus médiatisé au monde, mais en France, il reste encore méconnu. Les Jeux de Paris ont offert une belle vitrine pour notre sport, et j’espère que cela va susciter l’intérêt des clubs et des joueurs, valides ou non. Le volley assis est accessible et peu coûteux, contrairement à d’autres sports paralympiques. J’espère que de plus en plus de personnes tenteront l’expérience et que cela contribuera à développer la discipline.

Quel serait le message que vous voudriez faire passer aux clubs qui hésiteraient à se lancer ?

J’encourage vraiment tous les clubs à essayer le volley assis. C’est un sport qui n’est pas réservé aux personnes en situation de handicap. Il est très complémentaire du volley traditionnel et peut être pratiqué par tout le monde. Les clubs qui décident d’ouvrir des sessions de volley assis ne le regretteront pas. Le volley assis peut aider à développer des compétences physiques et mentales, et c’est un excellent moyen de rassembler des personnes autour d’un sport collectif. J’espère que les clubs prendront l’initiative et que le volley assis continuera de se développer en France.